Coucou les loulous...
A l'heure où j'écris cet épilogue j'ai déjà quitté l'Inde et retrouvé le monde gris, froid et mortellement silencieux de Paris...Le contraste est vraiment frappant avec le monde coloré, bruyant et en perpétuelle effervescence de l'Inde. Il va falloir que je me réhabitue et ça commence par le prix du café (AHHHHHHHH horreur, malheur pour mon portefeuille ! ). Bref mais vous n'êtes pas venus sur mon blog pour lire des articles sur Paris mais bien pour découvrir le dernier volet de mes aventures indiennes, alors en route!
Gwalior : Sa citadelle datant de 1440, de 3km de longueur est située sur un éperon rocheux qui écrase de sa splendeur la vieille ville du Madhya Pradesh. Pour vous prouver le faste resplendissant de ce palais des chevaliers rajpoutes admirez les faïences bleus, jaunes et vertes dessinant des éléphants, des tigres...... et de terrifiants petits canards qui vraiment devaient effrayer les ennemis...! A l'intérieur du palais Man Mandir, la chambre du rajah aux murs délicatement ciselés incrustés autrefois de diamants et de miroirs, est entourée d'un couloir qu'empruntaient chaque matin les centaines de concubines du souverain, des clochettes à leurs chevilles afin de réveiller en douceur sa majesté!
Petite anecdote sur le zoo de Gwalior. Attention ce qui va suivre n'est pas sponsorisé par l'association de Brigitte Bardot! Le Ghandi zoological park aurait fait retourner le mahatma dans sa tombe (s'il en avait une) tellement les pauvres bêtes qu'il abrite subissent le laxisme du personnel concernant l'hygiène et le bien être des animaux.
Le lendemain après 4h de bus (pour faire 100km) nous voilà à Jhansi où nous prenons un "tempo", rickshaw officiellement king size (mais en fait a peine plus grand qu'un normal) contenant à l'aise 15 personnes (3 devant à côté du chauffeur, 7 sur la banquette arrière, 1 de chaque côté azccrochés aux bastingage sur le côté et encore 2 accrochées au coffre arrière) pour la modique somme de 10 roupies par personne pour parcourir les 20 km nous séparant d'Orchha, le bijou du Madhya Pradesh. Dans ce rickshau nous faisons la connaissance d'un italien qui faute de train (pour cause de grève au Rajasthan) a été secouru par un indien qui lui a proposé de parcourir 150 km à moto avec son sac sur le dos sans casque...Orchha, ses palais romantiques aux pierres dorées par le soleil couchant, son incroyables palais transformé en temple, ses cénotaphes bordant la rivière Betwa habités par des vautours et où des sâdhus habillés d'orange et de rouge viennent méditer. Les maisons du village peintes en bleu vif arborent de jolis graffitis de slogans de partis politiques pour de prochaines élections.
Peut etre avez vous lu le grand succès littéraire du moment, "Le Tigre Blanc", qui compte le récit d'un jeune indien issu des pauvres campagnes du Bihar et qui devient l'un des plus grands entrepreneurs de Bangalore...Nous avons eu à de multiples occasions lors de ce voyage pu mesurer à quel point les indiens sont des entrepreneurs en puissance, y compris les enfants les plus redoutables de tous qui des leurs premiers pas interpellent les étrangers pour leur demander des photos, des stylos, des roupies ou du savon, ou qui nous ouvrent les faces cachées des monuments et vous offrent de beaux couchés de soleil moyennant quelques roupies (malheureusement récupérées par leurs patrons).
Apres un éprouvant voyage de 6h en bus (pour 180 km) nous débarquons à Khajuraho. Ah Khajuraho, son aéroport (pour une ville de 3000 âmes) ses fameux temples hindous couverts de fantastiques et délicates sculptures, ses rabatteurs en tout genre qui harcèlent le touriste, ses villages typiques où courent des nuées d'enfants...! Nous avons loué des vélos pour l'après midi et parcouru les alentours du village où nous avons rencontré un jeune garçon qui nous a emmené voir de petits temples blancs utilisés par les paysans au bord d'un petit lac surveillé par une vieux monsieur de 65 ans. Celui-ci nous a gentiment offert des goyaves et des noix pillées, il était tout fier de poser pour une photo et plein d'émotion lorsqu'il nous a serré la main. Une des plus belles rencontres de notre voyage...
Devinez où nous avons passé le jour de l'an? Et oui, dans le train de nuit pour Benarès, mais en classe AC3 s'il vous plait où nous étions quasiment seuls...12h plus tard nous voilà a Benarès, que je visite pour la 2e fois, avec plein d'aprioris. Mais je suis agréablement surprise, l'ambiance de la ville est littéralement différente, il fait beau, le Gange est bas ce qui nous permet de longer les ghâts sans se perdre dans les petites rues. Les ghâts sont pleins de vie, d'enfants qui jouent au serf volant, des bodys qui lavent et étendent le linge sur les ghâts, des croyants qui font leurs ablutions rituelles; de troupeaux de buffles qui se baignent dans une odeur de chair brûlée prés des ghâts de crémation. Nous nous perdons dans les bazars. L'agitation de la ville est incroyable pour une ville où viennent mourir des milliers d'hindous...!
Et enfin de retour à Calcutta, par le train de nuit en classe sleeper où nous avons cru mourir de froid pendant la nuit (nous n'avions pas de couverture) mais où Baptiste a pu saisir l'atmosphère spécifique des trains indiens où se succèdent des dizaines de vendeurs à la sauvette proposant du thé, du café, des oeufs durs, des feuilletés, des idlis, des chips et cela dès 2h30 du matin !! Et rencontré des soldats en poste au Cachemire en permission qui rentraient à Calcutta et étaient tout content de venir voir leurs fils grandir...Je suis repassée à Joka récupérer quelques affaires, mais sans les autres étudiants étrangers l'ambiance n'était plus la même...J'ai fait découvrir la ville à Baptiste qui l'a tout de suite appréciée. Le temps de boucler nos achats de cadeaux, et visiter Maidan, le parc principal où jouent les joueurs de cricket, dorment les déshérités et paissent les troupeaux de chèvres face aux building d'affaire de Tata Steel et autres Hindustan Unilever, et d'admirer le splendide monument blanc du Victoria Memorial nous voilà partis pour l'aéroport.
C'est dur de quitter Calcutta, paradoxalement la ville la plus anglaise de toute l'Inde!
J'appréhende un peu ce que je vais retrouver en France, qui me parait maintenant tellement aseptisée et endormie! Et à peine revenue, j'ai déjà envie de repartir vers cette incroyable mosaique de peuples, de langues, de paysages, de cultures, de dieux, d'odeurs et de couleurs...L'Inde si difficile à aimer au premier abord vous envoute et ne vous lâche pas si facilement! Que vous l'appréciez où non, l'Inde ne vous laissera jamais indifférent. Je ne peux que vous inviter maintenant à vous y rendre et à vous laisser happer par les paradoxes, mélangeant l'atroce et le sublime .
Très bonne année 2011 à tous!